- Stimuli
- Tâche
Parce que les yeux de chaque lecteur sont constamment exposés à un grand nombre d'informations perceptives, il est alors nécessaire de savoir filtrer les données hors de propos, afin de se concentrer sur les informations précises souhaitables. Comment s'effectue un tel filtrage ? Pour répondre à cette question, on utilise souvent le paradigme d'orientation spatiale signalée, nommé également le paradigme de Posner. Dans ce paradigme, il est présenté au sujet dans un de deux emplacements donnés une cible ; un des emplacements-cibles ou les deux emplacements-cibles, au hasard, seront signalés. Dans un essai à signal valide, le signal indique correctement l'emplacement de la cible. Dans un essai neutre, les deux emplacements ciblés sont signalés, mais la cible n'apparaît que dans l'un des deux.. Le sujet doit alors décider si chaque essai est valide, invalide ou neutre.
Dans l'expérience classique de Posner, les résultats montrent que la performance de cette tâche, mesurée régulièrement en calculant le temps de réaction et l'exactitude de détection de la cible, est meilleure pour les essais à signal valide que pour ceux à signal invalide (Eckstein, Shimozaki, & Abbey, 2002). Cette conclusion a amené Posner, et d'autres chercheurs après lui, à conclure ce qui suit : parce que l'attention visuelle du sujet est orientée dans l'espace par la présence du signal, il est probable que le sujet traite préférentiellement l'emplacement signalé. Étant donné que 80% des essais sont valides, le signal donne une bonne prédiction de l'endroit où la cible apparaîtra.
Dans les études de Posner, une étude des lésions l'a amené à élaborer un modèle de l'attention spatiale en trois étapes : désengagement, mouvement, engagement. Cette succession de trois étapes correspond à l'action du sujet dégageant son attention de son emplacement actuel, la déplaçant vers un autre emplacement et l'engageant ensuite à cet emplacement.
Il est intéressant de remarquer que chacun des trois procédés est relié à une partie spécifique du cerveau. Plus précisément, la fonction de désengagement est liée au cortex pariétal postérieur, la fonction de mouvement est liée au colliculus supérieur et la fonction d'engagement est liée aux noyaux pulvinar-latéral du thalamus. Par conséquent, les patients dont l'une des parties énumérées du cerveau a été endommagée, s'avèrent expérimenter une diminution de performance dans la tâche correspondante à cette partie.
Cette étude repose sur une conception intra-sujet, afin de comparer le temps de réaction et l'exactitude de chaque sujet, selon que l'essai soit valide, invalide ou neutre. Cinq variables indépendantes forment la structure de l'essai : l'orientation des zones ciblées (horizontale ou verticale), la probabilité d'obtenir des essais valides, invalides et neutres (les trois probabilités additionnées doivent être égales à 100), le temps de signalement (en millisecondes), le délai de post-signalement (temps en millisecondes qui s'écoule entre l'apparition du signal et de celle de la cible) et le nombre d'essais (supérieur à 0). Le temps de réaction et l'exactitude de détection de la cible sont les deux variables dépendantes.
Les stimuli au sein de l'étude sont la cible, le bord clignotant (signal) et l'emplacement de la cible, tous apparaissant sur l'écran de l'ordinateur.
Le paradigme à signal de Posner consiste d'habitude en la représentation de bords clignotants (c'est-à-dire, du signal) dans l'un des deux ou dans les deux emplacements ciblés. Après un court délai, la cible apparaît dans l'un des emplacements ciblés. Dans le cas d'un essai valide, la cible apparaît dans la zone ciblée signalée, dans le cas d'un essai invalide, la cible apparaît dans la zone ciblée non signalée, alors que dans le cas d'un essai neutre, la cible peut apparaître dans l'une ou l'autre des zones ciblées, les deux zones ciblées ayant été signalées.
Pendant l'essai, la tâche du sujet est d'indiquer quel est le type d'essai en présence, en appuyant sur la touche du clavier correspondante, c'est-à-dire que le sujet devra appuyer sur « F » dans le cas d'un essai valide, sur « G » dans le cas d'un essai invalide ou sur « H » dans le cas d'un essai neutre. Ce même processus est répété plusieurs fois pendant une série d'essais. Au sein-même du programme, l'ordinateur décide au hasard si l'essai sera valide, invalide ou neutre. Du fait de ce système arbitraire, non seulement la probabilité de chaque essai varie tout au long de la série respective, mais les probabilités combinées de chaque type d'essai feront aussi toujours un total de 100. Sur l'ensemble des essais, la catégorie « valide » est obtenue 80% du temps (prédéterminée), ce qui signifie que le signal donne une bonne prédiction de l'emplacement de la cible.
Ce qui est caractéristique de l'expérience, c'est que l'étude mesure le temps de réponse du sujet (c'-à-d., le temps pris par le sujet pour identifier le type d'essai en présence), ainsi que l'exactitude d'identification de chaque type d'essai. En résumé, le résultat classique est que les sujets en présence d'essai à signal valide présentent un temps de réaction très court et donnent des résultats d'une grande exactitude. Cela s'explique par le fait que, dans l'essai à signal valide, même si les yeux restent fixés sur le point central de fixation, le signal sert néanmoins à attirer l'attention du sujet. Étant donné que l'attention du sujet est déjà fixée sur l'emplacement du signal, les yeux prennent moins de temps à détecter la cible lorsqu'elle apparaît dans l'emplacement signalé. À l'inverse, pour ce qui est de l'essai à signal invalide, le signal ne sert pas d'indicatif de l'emplacement de la cible. Dans ce cas-ci, lorsque le mauvais emplacement a été signalé au sujet, il lui faut plus de temps pour désengager son attention et la déplacer vers l'emplacement correct, pour enfin l'engager sur ce nouvel emplacement où la cible apparaîtra.
Le paradigme d'attention spatiale à signal de Posner a été plus récemment expliqué en termes de différences de poids des informations, aux emplacements signalé (d'attention) et non signalés, points auxquels il n'existe pas de changement possible de qualité du traitement des informations. Cette variable de la procédure est étudiée par le biais de la technique de classification des images. Dans ce procédé, le « bruit » de la luminosité est ajouté aux images afin de pouvoir évaluer directement quel poids représentent les informations dans l'image. De cette façon, le sujet est susceptible de prendre une décision. Même si cette technique soutient l'idée que le poids de l'information est différent selon que l'emplacement soit signalé ou non, elle insiste aussi sur le fait que la qualité de traitement par le sujet reste la même.
Le paradigme de Posner demeure donc un outil important à la compréhension du rôle de l'attention spatiale dans la capacité individuelle à filtrer des informations spécifiques.
Eckstein, M. P., Shimozaki, S. S., & Abbey, C. K. (2002). The footprints of visual attention in the Posner cueing paradigm revealed by classification images. Journal of Vision, 2, 25-45.