Un nouveau pôle de connaissances de l’Université York engendre des changements positifs pour remédier à la pénurie d’enseignants de français au Canada

La demande d’éducation en langue française est en hausse, car les parents espérant donner à leurs enfants un avantage dans leur vie et leur carrière. Le Canada a toutefois du mal à répondre à la demande d’enseignants de langue française, avec une pénurie estimée à 10 000 enseignants dans tout le pays.

Camerise, un nouveau pôle de connaissances de Glendon, le campus bilingue de l’Université York, vise à aider le Canada à attirer et à retenir les enseignants de français langue seconde (FLS) en créant une plateforme numérique où les étudiants, les éducateurs et les leaders de l’enseignement et de l’apprentissage peuvent se réunir pour trouver et partager des ressources et former une communauté de pratique engagée.

Prof. Muriel Péguret

« Il y a deux ans, Patrimoine canadien et les ministères de l’Éducation ont lancé un appel à projets pour tenter de remédier à la pénurie qui est en train de devenir une véritable crise. Il y a actuellement des problèmes de recrutement et des problèmes de rétention, explique Muriel Péguret, l’une des trois co-responsables de Camerise et professeure agrégée au Département d’études françaises et à la Faculté d’éducation de Glendon.

« Nous avons estimé que nous pouvions fournir une plateforme où tout le monde peut se rencontrer, se connecter et collaborer afin de trouver ce qu’il recherche dans un guichet unique. C’est notre objectif. »

Après avoir obtenu la subvention gouvernementale qui a permis un investissement important dans l’enseignement du français, le pôle Camerise est devenu un lieu d’apprentissage diversifié et riche dans un environnement qui favorise l’inclusion, l’équité et les diverses façons d’apprendre. Il réunit les universités, les écoles secondaires et d’autres acteurs de l’enseignement du français langue seconde dans une approche collaborative qui allège le fardeau des écoles et des conseils scolaires en matière de recrutement et de rétention des enseignants.

Camerise, qui n’en est qu’à sa deuxième année, a déjà cimenté le désir d’une élève de poursuivre une carrière d’enseignante de français langue seconde.

Reilly Bradley, 22 ans, candidate à l’enseignement en dernière année de formation simultanée à l’Université Brock, affirme que l’occasion de participer à des ateliers et à des activités de perfectionnement professionnel avec Camerise a confirmé qu’elle était sur la bonne voie. L’approche collaborative et de résolution de problèmes du centre lui a fourni la confiance requise pour surmonter les défis rencontrés sur le terrain. 

Maintenant qu’elle a trouvé sa place dans le monde, c’est une relation qui sera durable selon elle. 

« Faire partie de Camerise va vraiment m’aider à devenir l’enseignante de FLS que j’aspire à être, déclare Reilly. J’avais besoin de cette exposition, de cette collaboration, de ce coup de pouce pour travailler avec des gens qui partagent mes objectifs, et m’y investir pleinement. »

Halley Wettlaufer, 18 ans, étudie pour devenir professeure de français à Glendon. Elle participe à l’élaboration d’une activité interactive grâce au pôle Camerise pour inciter les élèves du secondaire à développer leurs compétences en français et potentiellement les enseigner à d’autres.

« Cette activité en classe s’adresse aux élèves de 11e et 12e années qui suivent des cours de français de base, afin de les aider à comprendre l’intérêt de continuer à parler français et l’utilité que cela peut avoir dans le monde, explique Mme Wettlaufer.

Le français est une si belle langue et la culture est fascinante. Je pense que c’est très important pour quiconque veut obtenir un emploi au Canada, voire dans le monde entier. »

Pourtant, un rapport récent de l’Association canadienne des professionnels de l’immersion et de l’Association canadienne des professeurs de langues secondes indique qu’il manque près de 10 000 enseignants qualifiés en FLS pour répondre à la demande actuelle. Les groupes affirment qu’il est essentiel d’investir dans des solutions concrètes aux défis associés au recrutement et à la rétention des enseignants de français et de FLS pour atteindre les objectifs de bilinguisme du pays. 

Selon Mme Péguret, de nombreuses raisons expliquent la pénurie de professeurs de français et la difficulté à retenir ceux et celles qui entrent dans la profession. Certains candidats à l’enseignement croient parfois que leur français n’est pas assez bon pour enseigner. Il y a un manque d’accès à des ressources pédagogiques fiables. Certaines estiment que la profession n’est pas valorisée. D’autres encore peuvent être épuisés par les exigences du métier d’enseignant ou se sentir isolés. Ils ne parviennent pas à trouver un soutien auprès d’une communauté de pratique engagée et solidaire.

Après avoir reçu la subvention fédérale pour le projet qui allait devenir Camerise, Mme Péguret et ses collaboratrices, la professeure agrégée Dominique Scheffel-Dunand et la chercheuse Mirela Cherciov, ont passé la première année à chercher comment elles pouvaient collaborer pour apporter des changements positifs.

Elles ont procédé à une analyse de l’environnement des ressources actuellement disponibles pour soutenir la prochaine génération d’enseignants de français langue seconde, et elles ont évalué ce qui devait être fait.

« Si cela n’a pas de sens pour la communauté, si cela ne leur facilite pas la vie, ils ne viendront pas, affirme Mme Péguret. Ça valait la peine de prendre une année pour nous définir, et trouver notre place dans l’écosystème. »

Les professeures ont donné au centre le nom de Camerise, une baie connue sous le nom de haskap en anglais, comme une métaphore de ce qu’il veut être. 

« La camerise est un super aliment, explique Muriel. Elle pousse en grappes, ce qui représente pour nous la culture de la communauté. Elle s’épanouit dans les climats nordiques, donc au Canada. Vous pouvez la manger crue ou la mettre dans des desserts. Quand vous la transformez ainsi, elle devient autre chose. Vous pouvez voir comment elle représente ce que nous défendons. »

L’accélérateur comprend un certificat de premier cycle en langue française et en gestion communautaire nouvellement créé qui permet d’acquérir les compétences nécessaires pour un avenir dans l’enseignement du FLS.

La plateforme numérique de Camerise sera mise à jour dans le courant de l’année, afin d’étendre les outils et les ressources éducatives libres sur l’enseignement et l’apprentissage du FLS déjà amassés pour établir sa place dans l’écosystème en tant que centre de recherche essentiel sur le FLS. Les thèmes qui ont émergé dans la communauté de pratique du FLS alimenteront de nouvelles recherches, et un forum de discussion sera introduit. 

D’ici 2023, Camerise espère accroître le nombre de ses membres et apporter davantage de valeur ajoutée en rassemblant les communautés par le biais d’événements et d’autres collaborations. 

« Nous voulons mettre Camerise sur la bonne voie, déclare Mme Péguret, faire connaître notre nom et notre marque en concentrant nos ressources sur ce que notre recherche et notre communauté nous indiquent comme étant nécessaire. » 

York s’engage à offrir une éducation bilingue et à accroître l’accès des élèves francophones en Toronto, où vivent près de la moitié des Ontariens francophones.