De nouvelles études montrent que les conducteurs et conductrices de véhicules électriques représentent un pour cent des nouveaux propriétaires de véhicules, et ce, 10 ans après une initiative provinciale visant à encourager la conduite écologique. Un chercheur s’est penché sur ces consommateurs et préconise d’en savoir plus au sujet de ces conducteurs pour mieux adapter les stratégies.
En 2010, la province de l’Ontario a lancé un Programme d’encouragement pour les véhicules électriques visant à favoriser l’adoption de véhicules électriques rechargeables, à récompenser les acheteurs précoces et à stimuler la demande sur le marché. Une dizaine d’années plus tard, Can Erutku, professeur d’économie à Glendon, s’est demandé qui étaient ces automobilistes et ce que nous pouvions apprendre à leur sujet. Il a obtenu de l’information essentielle sur ces conducteurs en se basant sur les données du ministère des Transports de l’Ontario et de Statistique Canada.
La facette la plus intéressante de cette première analyse complète du programme provincial est sans doute le portrait qu’elle dresse des conducteurs écologiques en Ontario.
Can Erutku a découvert que les automobilistes soucieux de l’environnement représentent seulement 1 % des nouveaux automobilistes, que ces personnes sont instruites et qu’elles font des trajets plus longs que la moyenne. Il a cherché à en savoir plus.
« Nous devons en apprendre davantage sur cette communauté de consommateurs, constate-t-il. La possibilité de différencier ces acheteurs pourrait nous fournir des indications sur la manière d’adapter les mesures incitatives. Cela nous permettrait de promouvoir plus efficacement les véhicules électriques rechargeables et de dépasser ce seuil de 1 % ».
L’article « A First Look at Ontario’s Electric Vehicle Incentive Program: Who Are Ontario’s Green Drivers? » a été publié dans Canadian Public Policy (2020).
Le gouvernement espérait encourager les consommateurs
Deux types de véhicules électriques répondaient aux critères des mesures incitatives provinciales en Ontario. (Remarque : les véhicules hybrides ne répondaient pas aux critères des mesures incitatives même s’ils étaient en vente à l’époque.)
- Les véhicules électriques à batterie, qui se branchent à une source externe d’électricité pour se recharger; et
- Les véhicules électriques hybrides rechargeables, qui se branchent à une source externe d’électricité pour se recharger et qui utilisent aussi un moteur à combustion interne.
Dès leur conception, ces véhicules électriques ont été reconnus par de nombreux chercheurs, écologistes et éco-consommateurs comme étant un moyen intéressant de réduire les émissions de gaz à effet de serre et certains polluants atmosphériques nocifs.
Le ministère des Transports cite de nombreux avantages : les véhicules électriques consomment moins (ou pas du tout) de carburant et ont des coûts d’entretien et de fonctionnement moins élevés. Les propriétaires peuvent également profiter de tarifs d’électricité plus bas lorsqu’ils rechargent leur véhicule durant les heures creuses. Ils peuvent recharger leur véhicule à la maison, au travail ou à des stations de recharge publiques. De plus, ces véhicules peuvent avoir la plaque d’immatriculation pour véhicules verts qui permet aux automobilistes d’emprunter les voies provinciales réservées aux véhicules à occupation multiple, même quand il n’y a qu’un seul passager à bord.
Il y a environ 10 ans, le gouvernement de l’Ontario s’est rallié à cette idée et a tenté d’inciter les consommateurs à acheter des voitures électriques. Le Programme d’encouragement pour les véhicules électriques a été lancé en 2010. Ses principales caractéristiques étaient de récompenser les acheteurs précoces et de stimuler la demande du marché.
Officiellement, le programme est resté en vigueur de 2010 à 2018, date de son annulation par le premier ministre ontarien, Doug Ford.
Les données du ministère des Transports et de Statistique Canada établissent le profil des acheteurs de véhicules électriques
L’objectif des recherches du professeur Erutku était de déterminer qui a profité du programme gouvernemental; plus précisément, il cherchait à cibler les caractéristiques socio-économiques des acheteurs de voitures électriques quand le programme gouvernemental était encore en vigueur. Comme mentionné plus haut, ce type d’information pourrait aider les décideurs politiques à élaborer des mesures incitatives visant à promouvoir les véhicules électriques et par conséquent, à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Ce qui est original et intéressant dans les recherches du professeur Erutku, c’est qu’il a eu accès à la base de données du ministère des Transports de l’Ontario qui lui a fourni de l’information sur plus de 26 000 acheteurs de voitures électriques. Le rapprochement de ces données avec les données du recensement de 2016 de Statistique Canada lui a permis de déterminer les caractéristiques socio-économiques de ces acheteurs.
Le professeur Erutku a obtenu les données du ministère des Transports grâce à une demande d’accès à l’information. Les données contenaient des renseignements sur l’achat de 23 632 véhicules électriques entre janvier 2012 et octobre 2018, notamment : la date d’achat, la marque, le modèle, la finition, le type de véhicule, le type de demandeur et le code postal du demandeur.
Les données des recensements de Statistique Canada comprennent des caractéristiques sur l’âge, le sexe, l’éducation, l’état matrimonial, le logement, le revenu, le travail, le trajet au travail, le type de demeure, la langue, etc.
Can Erutku a rapproché les données de Statistique Canada avec celles du ministère des Transports, un processus qui permet de lier des renseignements provenant de différentes sources afin de créer un nouvel ensemble de données plus riche.
Ce que nous savons maintenant sur les acheteurs de voitures électriques
Le professeur Erutku a constaté que, bien que la part du marché des véhicules électriques rechargeables en Ontario ait suivi une tendance à la hausse, elle est restée inférieure à 1 % pendant presque toute la durée du programme.
Le rapprochement des deux bases de données a démontré que les acheteurs de voitures électriques avaient fait des études supérieures et effectuaient des trajets quotidiens plus longs que la moyenne.
Le chercheur n’a toutefois pas été en mesure de déterminer si l’état matrimonial et le revenu du ménage jouaient un rôle dans l’identification des acheteurs de voitures électriques.
Le chercheur estime qu’il faudrait avoir plus d’information sur les acheteurs
Can Erutku insiste sur la nécessité d’en savoir plus sur ces acheteurs. Cette information pourrait orienter le gouvernement provincial et l’aider à adapter les mesures incitatives afin de promouvoir plus efficacement l’adoption de véhicules électriques.
On ignore si le premier ministre provincial rétablira des mesures incitatives pour des achats écologiques.
Pour lire l’article, visitez le site Web de la revue. Pour en savoir plus sur le professeur Erutku, visitez cette page.
Pour en savoir plus sur la recherche et l’innovation à York, @YUResearch; regardez notre vidéo d’animation qui met en vedette les secteurs actuels de recherche et les domaines à explorer comme l’intelligence artificielle et les futurs autochtones; vous pouvez aussi consulter cette infographie, qui illustre les succès de l’année.
Megan Mueller, directrice principale des communications, bureau de la vice-présidente à la recherche et à l’innovation, Université York, muellerm@yorku.ca