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Le Centre de recherche sur le contact des langues et des cultures de Glendon (CRCLC) fêtera bientôt son 20e anniversaire. Pour marquer l’occasion, une conférence internationale se tiendra les 9 et 10 mai 2025 sur des sujets liés au contact entre les langues, les cultures et les connaissances au XXIe siècle.
Le contact est un concept riche et à multiples facettes. Il peut être lié au voyage, à la migration, à la communication, à la traduction, au commerce et à l’échange, à la coopération et à la solidarité, parmi d’autres expériences et formes de relations. Le contact peut se produire de manière synchrone dans des espaces spécifiques (sociétés multiculturelles, villes mondiales, organisations ou lieux de travail, salles de classe multilingues, réseaux, aéroports, bavardoirs, etc.) ou de manière diachronique, comme en témoignent les processus historiques tels que la colonisation et la mondialisation. Qu’il soit physique ou virtuel, le contact implique intrinsèquement le mouvement et la non-fixité.
Bien que le contact culturel rapproche les gens, favorise la compréhension mutuelle et la tolérance, tout en facilitant l’échange d’idées en faveur de l’innovation et du changement, il peut également être provoqué par la force et conduire à la violence et à l’oppression. L’impact et les effets du contact dépendent donc de divers facteurs, notamment la dynamique du pouvoir entre les individus et les groupes, le niveau de sensibilisation culturelle et la volonté de s’engager dans le dialogue et la coopération.
Du point de vue postcolonial et migratoire, l’intensification des contacts interculturels a donné naissance à de nouveaux espaces hautement dynamiques, englobant des dimensions géographiques, culturelles, linguistiques, cognitives et épistémologiques. Liés à d’autres concepts tels que le troisième espace (third space) élaboré par Homi Bhabha, la zone de contact (contact zone), par Mary Louise Pratt, ou la zone de traduction (translation zone), par Emily Apter, ces espaces sont souvent influencés par la friction (Tsing) et peuvent comporter des risques potentiels, comme l’engloutissement et l’effacement, ou s’avérer bénéfiques grâce à des processus du type hybridation et fertilisation croisée.
Ces dernières années, le tournant transnational, alimenté par une critique de la mondialisation reposant sur l’apparente fluidité de la mobilité spatiale et la soi-disant efficacité de l’interconnexion mondiale, a attiré l’attention sur les formes de contact et d’interaction qui se produisent dans des contextes complexes, non structurés, imprévisibles, voire chaotiques, et qui aboutissent à la production et à l’émergence de nouvelles formes de culture et d’identité.
Ce tournant a permis de se rendre compte que « les expériences modernes et mondialisées de (ré)attachement, d’appartenances multiples, d’appartenance à distance, d’accords supranationaux, de cultures de diaspora et de villes mondiales révèlent les limites de l’optique nationale qui caractérise les modes de vie du XXIe siècle ».[1] Comme le souligne Naoki Sakai, la compréhension traditionnelle des dynamiques internationales et interculturelles, qui repose sur le contraste et la juxtaposition d’espaces, de cultures et de langues, n’est plus aussi applicable ou pertinente dans le monde contemporain. En outre, la logique binaire utilisée pour encadrer des concepts tels que colonisé et colonisateur, migrant et société d’accueil, Nord et Sud, langue maternelle et langue étrangère, etc., perd également sa pertinence. Ainsi, pour comprendre véritablement les expériences de la culture, de la langue et de l’identité dans le monde interconnecté d’aujourd’hui, il est essentiel de s’éloigner des dichotomies pour adopter un mode de pensée plus nuancé et plus complexe.
Cette conférence a donc pour but d’aborder le concept de contact et ses différentes formes, en se concentrant sur le passage des relations internationales aux dynamiques transnationales, et de la logique binaire à une pensée complexe et multidimensionnelle.
- Mona Baker, Université d’Oslo
Conférenciers invités :
- Brian Baer, Université d’État de Kent
- Diptiranjan Pattaneik, Université hindoue de Bénarès
- Caroline Payant, Université du Québec à Montréal
Nous souhaitons recevoir des contributions sur le thème du contact et de l’engagement en matière de langue, de culture et de connaissance. Nous encourageons par ailleurs l’exploration des interconnexions entre ces domaines de recherche selon diverses perspectives. Les sujets peuvent inclure, mais ne sont pas limités à, ce qui suit :
- Extension conceptuelle de la notion de contact: connexion, interaction, échange, rencontre, événement, relation, enchevêtrement, nœud, agrégat, etc.
- Représentations spatiales et visualisations du contact : lignes, seuils, bords, limites, frontières, zones intermédiaires et de passage (transit), etc.
- Résultats du contact : fusion, hybridation, engloutissement, effacement, trace, assimilation, adaptation, appropriation, sédimentation, friction, traction, couture, etc.
- Identités et allégeances concurrentes dans des contextes multilingues et multiculturels
- Subjectivité en contact : hétérodoxe (Pratt), hybride ou nomade (Braidotti)
- Le contact et le rôle des intermédiaires neutres, des gardiens, des facilitateurs et des médiateurs interculturels
- Voyage et circulation des théories, des idées et des connaissances à travers les frontières géographiques, disciplinaires, théoriques et discursives
- Dynamiques de contact, de hiérarchie et de pouvoir au XXIe siècle
- Pratiques littéraires, narratives, traductionnelles et discursives engendrées par l’écriture transnationale et translinguistique
- Littérature mondiale vs littérature nationale, migrante, diasporique ou postcoloniale
- Représentations du contact dans la littérature, le cinéma et les arts visuels
- La traduction et l’interprétation comprises en tant que contact
- Gestion éditoriale et institutionnelle du contact linguistique et culturel (maisons d’édition, musées, galeries d’art, théâtres, opéras, etc.)
- Contact et pratiques translangagières
- Langues en situation minoritaire, politiques linguistiques et revitalisation
- Contact, agentivité, identité, devenir
- Récits de contact
- Contact et formation de la subjectivité
- Les matérialités et les économies du contact, du travail et des soins
- Contacts culturels et nouvelles technologies (audiovisuelles, sensorielles, transmodales)
- Contacts transdisciplinaires et nouvelles articulations interdisciplinaires de la connaissance
- Contact et justice épistémique
- Contact et éthique
- Langues coloniales et impériales vs langue(s) anglaise(s) globale(s)
Nous invitons à soumettre des propositions suivantes :
Propositions de panels (de trois à huit participants) doivent être soumises par les organisateurs et inclure leurs noms et affiliations, le titre et une brève description, ainsi que les noms, les affiliations de tous les participants et un résumé de 200 mots pour chaque présentation.
Propositions individuelles de communications ou d’affiches doivent inclure le nom et l’affiliation de l’auteur, le titre et un résumé de 200 mots de la présentation.
Propositions d’ateliers doivent inclure les noms et affiliations des organisateurs, le titre, une brève description et les principaux objectifs de l’activité, le public visé, ainsi que les exigences techniques si nécessaire.
Propositions de représentations esthétiques ou audio/visuelles en rapport avec le thème de la conférence (peinture, photo, mosaïque, documentaire, vidéo, installation, etc.). Ces propositions doivent inclure le nom et l’affiliation des auteurs/artistes, le titre et une description de 200 mots de l’œuvre. Elles doivent également inclure les exigences techniques.
- Les étudiants aux cycles supérieurs en traduction sont invités à soumettre des propositions de communications ou d’affiches sur un thème lié au contact des langues, des cultures ou des connaissances, abordé sous l’angle de la traduction. Le 14e colloque annuel des études supérieures en traductologie de Glendon, organisé par les étudiants du Programme de maîtrise en traductologie (MATS), se tiendra les 9 et 10 mai 2025 dans le cadre de la conférence principale.
La Conférence internationale sera le point culminant d’une semaine d’événements organisés par le Centre. Elle sera liée au Séminaire de printemps, qui se tiendra du 6 au 9 mai 2025, sur le thème Archives, langue et traduction. Les participants du séminaire pourront assister gratuitement à la conférence. Pour plus d’informations, veuillez envoyer un courriel à crlccconference2025@gmail.com.
Les propositions peuvent être rédigées en anglais ou en français et doivent être soumises en ligne ici : Formulaire de soumission.
Date limite de soumission : 15 janvier 2025.
[1] “Modern and globalized experiences of (re)attachment, multiple belongings, belonging-at-a-distance, supranational agreements, diaspora cultures, and global cities reveal the limitations of the national optic for characterizing twenty-first century ways of life” (Mattea Cussel, 4).
Références:
Apter, Emily. The Translation Zone. Princeton University Press, 2006.
Bhabha, Homi K. The Location of Culture. New ed., Routledge, 1994, pp. xxxi–xxxi, https://doi.org/10.4324/9780203820551.
Braidotti, Rosi. “Writing as a Nomadic Subject.” Comparative Critical Studies, vol. 11, no. 2-3, 2014, pp. 163–84, https://doi.org/10.3366/ccs.2014.0122.
Cussel, Mattea. “Methodological nationalism in translation studies: A critique.” Translation and Interpreting Studies, vol. 16, no. 1, 2021, pp. 1-18.
Marais, Kobus, Trajectories of Translation: The Thermodynamics of Semiosis. Routledge, 2023.
Pratt, Mary Louise. Imperial Eyes: Travel Writing and Transculturation, 2nd edition. Routledge, 2007, https://doi.org/10.4324/9780203932933.
Sakai, Naoki. “Translation and the Figure of Border: Toward the Apprehension of Translation as a Social Action.” Profession, vol. 2010, no. 1, 2010, pp. 25–34, https://doi.org/10.1632/prof.2010.2010.1.25.
Tsing, Anna Lowenhaupt. Friction: An Ethnography of Global Connection. Princeton University Press, 2005.