Le 24 et 25 septembre dernier s’est tenue à l’Université de Montréal la deuxième édition du colloque doctoral du GRAFICS (Groupe de recherche sur l’avènement et la formation des institutions cinématographiques et scéniques). Le colloque doctoral du GRAFICS offre annuellement la possibilité pour les étudiantes et étudiants dirigées par les membres réguliers du GRAFICS de présenter leurs recherches et d’échanger avec d’autres chercheurs, aussi bien étudiants que professeurs.
Cette année, le colloque était codirigé par Rémy Besson (postdoctorant, Université de Montréal), Santiago Hidalgo (postdoctorant, Université de Montréal) et Philippe Theophanidis, assistant professeur au Programme de communications du Collège universitaire Glendon. Cette édition du colloque avait pour titre «Cinéma et médias. Identités transitives». Elle proposait d’examiner ce que devient aujourd’hui le «cinéma». C’est-à-dire qu’il entendait réfléchir à ce dont le «cinéma» est encore le nom, ce que ce nom de «cinéma» tente et parvient (ou ne parvient plus) à nommer à ce moment spécifique où son histoire rencontre celle de l’émergence et de la diffusion croissante des technologies numériques. Que désigne le «cinéma» lorsque le support analogique que l’on nomme aussi «film» ne s’offre plus au spectateur que comme une rareté? Qu’est-ce que le «cinéma» lorsque le site même de l’expérience cinématographique est délocalisé vers de nouvelles plateformes de visionnement?
Afin d’explorer les modalités et les effets de ces mutations, le colloque invitait à penser ces questions dans la perspective des mutations –peut-être similaires– que traverse aussi la notion de «média». Si le «cinéma» mutant de l’ère numérique appelle une réflexion médiatique, il le fait avec d’autant plus de pertinence et d’adéquation que ce prédicat «médiatique» connaît lui-même un développement significatif. En effet, le nom «média» ne peut plus être confiné au sens, maintenant daté, de «médias de masse». Certes, «médias» désigne encore communément ces technologies de diffusion de masse que sont la radio et la télévision, mais il ne le fait plus avec la même assurance. Les «médias sociaux» par exemple, désigne un mode de diffusion qui n’est pas nécessairement aussi centralisé et qui expose plutôt l’intérêt de penser la technique dans le réseau sociotechnique qui la constitue. Le «medium», dans son sens plus large, ne désigne plus ainsi seulement un dispositif ou un système technique, mais ouvre depuis quelque temps déjà aux thèmes d’espace et d’environnement, notamment sous le courant d’études des «écologies médiatiques». Ces mutations accompagnent les préoccupations grandissantes que suscitent nos milieux de vie et nos manières de vivre (inégalités économiques, réchauffement climatique, exploitation technocapitaliste des ressources).
Dans le cadre du colloque, certains de ces enjeux ont été examinés à l’aune d’une riche variété d’interventions rassemblées en quatre panels thématiques: «Technique», «Espace», «Regard» et «Genre ». Il a ainsi été question du métier d’étalonneur, de plateformes de visionnement en ligne, de la représentation d’espaces «exo-centrés», du cinéma comme itinéraire aporétique, du train comme dispositif médiatique et cinématographique, de la représentation du corps noir dans le vidéoclip, du désir mimétique, de ballet, de para-documentaire et de la nouvelle télévision sérielle. L’événement réparti sur deux journées entières a rassemblé une trentaine de participants et participantes et donné lieu à des échanges riches. Surtout, cette édition du colloque doctoral du GRAFICS a pu servir d’indicateur sur les tendances les plus récentes de la recherche en études cinématographiques et médiatiques et, par la même occasion, donner à voir l’avenir de ces disciplines.
Pour en savoir davantage, visitez le site officiel du GRAFICS et consultez le programme.
Publié par
Philippe Theophanidis