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Utilisons-nous les bons outils pour évaluer les risques des feux de forêt sur la santé?

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Utilisons-nous les bons outils pour évaluer les risques des feux de forêt sur la santé?

La microcirculation représente une part sous-étudiée du système cardiovasculaire dans le contexte des feux de forêt selon des chercheurs en kinésiologie de l’Université York, qui sont disponibles pour des entretiens tant en anglais qu’en français

TORONTO, 23 août, 2023 – Tandis que les feux de forêt continuent d’avoir un impact dévastateur à travers le monde et ici au Canada, une équipe de chercheurs de l’Université York soulignent que notre compréhension de l’impact à long terme des microparticules présentes dans les fumées reste encore limitée, et que dans ce contexte le rôle de la microcirculation est très sous-étudié.

La microcirculation englobe nos artérioles et capillaires sanguins et pourrait être tout aussi importante à prendre en compte que nos poumons, notre cœur, ou nos artères dans le contexte de l’exposition aux fumées des feux de forêt.

Emilie Roudier et Olivier Birot, professeurs à la Faculté de la Santé et au sein de l’École de kinésiologie et science de la santé, reviennent de Corse, une île française de Méditerranée, où les feux de forêt peuvent être fréquents. Ils ont en effet engagé une collaboration scientifique avec une équipe de recherche de l’Université de Corse Pasquale Paoli et du CNRS, spécialisée dans l’étude des feux de forêt. Ensemble, ils viennent de publier un article qui souligne justement les difficultés d’étudier l’impact sur la santé des fumées de feux de forêt et notamment le manque de connaissance sur la microcirculation. 

“Il est tout à fait compréhensible que l’attention immédiate porte sur les pertes humaines, animales, environnementale et matérielles lors des feux de forêt, mais nous savons très bien que l’exposition aux microparticules présentes dans les fumées peuvent représenter un risque certain que ce soit à court-terme ou à plus long terme. Ce domaine de recherche reste toutefois assez compliqué, particulièrement dans le contexte des feux de forêt” selon professeure Roudier, pilot  du projet de recherche.

Headshot of Emilie Roudier
Emilie Roudier

“Les pompiers engagés sur les feux de forêt pensent par exemple au cancer du poumon car ils respirent bien évidemment les fumées. Certaines microparticules libérées à hautes températures peuvent être suffisamment petites en taille pour passer dans la circulation sanguine. Elles sont alors libres de circuler dans l’ensemble de notre système cardiovasculaire. Avons-nous alors les bons outils pour évaluer un tel risque tant au niveau des pompiers que de la population? Peut-être que de meilleurs outils, ou des outils complémentaires, notamment l’évaluation de la microcirculation, pourrait permettre de mieux cerner, voire de limiter, ces risques.”

Olivier Birot

L’article indique qu’en Amérique du Nord la durée des saisons de feux de forêt a augmenté par environs 20% au cours des 35 dernières années, rendant toutes ces interrogations plus pressantes. L’augmentation de la population et le développement des zones habitées contribue également à exposer plus fréquemment la population aux feux de forêt, notamment via une augmentation du risque de feux accidentels mais aussi à la suite des politiques de suppression des feux de friche qui peuvent conduire à une accumulation de matières combustibles. Si le lien entre microparticules et maladies cardiovasculaires est bien établi, celui avec les feux de forêt reste toutefois plus difficile à démontrer sur le plan scientifique notamment en raison de la complexité d’étudier cela à l’échelon de la population.

Professeur Birot, qui a travaillé comme pompier volontaire pendant 7 ans durant enseigne également un cours à York traitant de la physiologie en environnements extrêmes et notamment l’activité physique en présence de pollution aux microparticules.

“La microcirculation n’est pas simplement importante pour approvisionner nos tissus en oxygène ou en nutriments. Elle est par exemple impliquée dans la capacité de communication entre différents tissus, comme le cerveau. C’est aussi cette microcirculation qui va jouer un rôle clé pour dissiper la chaleur produite par l’organisme. Pensez aux pompiers forestiers qui sont engagés pendant de longues périodes d’activité physique soutenue, un contexte où l’organisme va libérer beaucoup de chaleur, et cela dans un environnement très chaud et pollué! On combine là plusieurs stress physiologiques et environnementaux” dit-il.

Les deux chercheurs ont obtenu des microparticules isolées lors de brûlage végétaux en Corse et ils ont débuté à York une série d’expériences afin d’évaluer l’impact de ces microparticules sur des cultures de cellules endothéliales humaines, ces cellules qui composent principalement nos vaisseaux sanguins. Ils recherchent notamment des biomarqueurs épigénétiques qui pourraient servir à mieux protéger les individus les plus vulnérables aux fumées.

Une délégation de l’Université de Corse sera en visite à York en octobre prochain. Quant à Roudier et Birot, ils retourneront sur le terrain en Corse en décembre afin de collecter de nouveaux échantillons de microparticules et de renforcer leur collaboration avec le service incendie de Corse.