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Le féminisme est un humanisme, avec le docteur Denis Mukwege / Feminism: The Humanist Impulse, with Dr. Denis Mukwege

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Le féminisme est un humanisme, avec le docteur Denis Mukwege

Événement organisé par la Professeure Gertrude Mianda, ancienne directrice de l’Institut Harriet Tubman (Harriet Tubman Institue), et le Professeur James Orbinski, directeur de l’institut de santé (Dahdaleh Global Health Institute). Soutenu par Pascal Arseneau et le campus Glendon de l’Université York.

Lorsqu’on a demandé à l’écrivain et philosophe V.Y. Mudimbe, de la République Démocratique du Congo (RDC), pourquoi il écrivait si souvent à propos de l’exploitation des femmes dans ses romans, il a répondu: parce qu’elles partagent la même nature humaine que moi.

Cette impulsion humaniste guide le travail du médecin féministe, le Dr Denis Mukwege. Il a consacré ses compétences médicales au soutien des femmes ayant subi violences sexuelles en tant qu’armes de guerre. En tant que féministe, il a élevé sa voix pour demander la fin de ces attaques, qui violent les droits humains fondamentaux des femmes et des filles.

Lors d’un événement à Glendon, l’Université York, le 15 juin 2023, organisé par l’Institut Tubman et l’Institut Dahdaleh pour la Santé mondiale, en vue de l’octroi du doctorat honoris causa en droit que l’université York lui a décerné le 16 juin, la communauté de la RDC de la région du Grand Toronto a célébré le travail du Dr Mukwege et son engagement infatigable contre les violences faites aux femmes en période de conflits et de guerres.

Comme le décrit son mémoire La Force des Femmes, le Dr Mukwege a fondé l’hôpital Panzi en 1999 à Bukavu, dans l’est de la RDC. Son objectif initial était de soutenir les femmes pour un accouchement sain. Cependant, il s’est rapidement rendu compte que les patientes qu’il recevait étaient des femmes ayant subi des violences sexuelles pendant des conflits. Il s’est alors engagé à les soutenir avec ses compétences professionnelles. Parallèlement, il a compris qu’une approche plus holistique serait nécessaire pour permettre à ces femmes de redevenir des actrices de leur propre corps et de leur vie.

L’hôpital Panzi apporte un soutien médical aux femmes, mais comme l’a souligné le Dr. Mukwege lors de son discours, les soins médicaux ne suffisent pas. Pour aider les femmes à se reconstruire, d’autres femmes les guident et les accompagnent. Les arts, en particulier la danse et le chant, aident les femmes ayant subi des violences sexuelles à retrouver leur corps et leur pouvoir d’agir.

Si cette soirée était une célébration du travail important du Dr. Mukwege, pour lequel il a reçu le prix Nobel de la paix en 2018, il a souligné que ses efforts ne sont pas toujours bien accueillis. Son engagement féministe en faveur des droits humains des femmes a été critiqué comme atypique pour un homme. Son travail dans les zones de conflit a fait de lui et de son hôpital des cibles d’attaques meurtrières. Le Dr. Mukwege a survécu à plusieurs tentatives d’assassinat et a passé une période d’exil avant de retourner en RDC pour poursuivre son travail.

Dans son introduction à la soirée, le Professeur Orbinski, directeur de l’Institut de Santé mondiale Dahdaleh, a souligné que la vie du Dr Mukwege est un exemple de courage. Le courage exige d’affronter le pire de l’humanité et de décider que, malgré le coût pour soi-même, il faut agir avec pragmatisme dans la reconnaissance de la dignité de la victime.

Enfin, si cette soirée a été une célébration du travail du Dr. Mukwege au nom des femmes en RDC, cette soirée a aussi offert une occasion de reconnaître les contributions essentielles de la Professeure Gertrude Mianda. Comme l’ont souligné le Dr. Mukwege et le Professeur Orbinski dans leurs discours respectifs, la Professeure Mianda est remarquable pour ses propres engagements féministes.

Ses recherches ont remis en question l’oppression partout où elle se trouve. Son travail décrit et critique la “triple marginalisation” des femmes migrantes africaines francophones au Canada anglophone, qui subissent l’oppression en raison du racisme, du sexisme et de la langue. En même temps, le Professeur Mianda s’oppose aux “traditionalismes” africains lorsqu’ils défendent des valeurs patriarcales. Elle a soutenu les œuvres féministes des africaines, notamment les écrits d’Awa Thiam et celui de quelques romancières, mettant en avant sa contribution à la littérature contemporaine et à la connaissance du monde, en dénonçant les injustices et en réclamant les possibilités de relations plus justes et équitables.

Cette soirée a mis en avant le travail essentiel du Dr. Mukwege et ses efforts pour mettre fin aux violences sexuelles contre les femmes en période de guerre, elle a été en même temps l’occasion de célébrer tous ceux en RDC et dans la diaspora qui, en tant qu’humanistes et féministes, cherchent à soutenir le droit des femmes à vivre libres de violences sexuelles. Leur travail est un rappel des responsabilités que nous avons tous dans cette lutte, en RDC, ici, et partout dans le monde.

Feminism: The Humanist Impulse, with Dr. Denis Mukwege 

Event organized by Professor Gertrude Mianda, then Director of the Harriet Tubman Institute and Professor James Orbinski, Director of the Dahdaleh Global Health Institute. Supported by Pascal Arseneau and the Glendon Campus, York University.

When the writer and philosopher V.Y. Mudimbe, from the Democratic Republic of Congo (DRC), was asked why he wrote so often about women’s subjugation in his novels, he answered: because we share the same human nature. 

This humanist impulse informs the lifelong work of feminist physician Dr. Denis Mukwege. He has devoted his skills as a physician to supporting women who have experienced sexual violence as a weapon of war. He has raised his voice as a feminist, insistently, to call for an end to such attacks, as violations of women’s fundamental rights to dignity and freedom.

At an event held at Glendon, York University on June 15, 2023, organized by the Tubman Institute and the Dahdaleh Institute for Global Health, on the occasion of the honorary doctorate in law awarded to him by York University on June 16. The DRC community in the Greater Toronto Area celebrated Dr. Mukwege’s work and steadfast commitment to ending sexual violence against women in conflict and wartime. 

As his memoir, La Force des Femmes, explains, Dr. Mukwege founded Panzi hospital in 1999 in Bukavu, in the eastern part of the DRC. There, he hoped to support women to healthy childbirth. Instead, the patients he received were women who had suffered sexual violence during conflict. He committed to supporting these women with his professional skills. At the same time, he quickly realized that a more holistic approach would be required to enable these women to become, once again, actors in their own bodies and lives.

The Panzi hospital supports women medically but, as Dr. Mukwege emphasized in his talk, this medical care is not enough. In helping women to recover, women mentor other women. The arts, especially dancing and singing, are important to enabling women who have suffered from sexual violence during conflict, as they reclaim their bodies and their agency. 

If the evening was a celebration of Dr. Mukwege’s important work, for which he was recognized by a Nobel Peace Prize in 2018, Dr. Mukwege emphasized that his efforts are not universally embraced. His feminist commitment to women’s human rights has been critiqued as anomalous for him, as a man. His work in conflict zones has made him and his hospital a target for murderous attacks. Dr. Mukwege has survived several attempts on his life, and a period in exile, before returning to the DRC to continue his work.

In his introduction to the evening, Professor Orbinski, Director of the Dahdahleh Global Health Institute, emphasized that Dr. Mukwege’s life is an example of courage. Courage demands that you face the worst that human beings can do to each other and decide that, despite the cost to yourself, you will act pragmatically to recognize the inherent dignity of the victim

Finally, if the evening was a celebration of Dr. Mukwege’s life’s work on behalf of women in the DRC, it was also a moment to recognize the critical contributions of Professor Gertrude Mianda.

As both Dr. Mukwege and Professor Orbinski emphasized in their respective remarks, Professor Mianda is remarkable for her own determined, feminist commitments. 

Her scholarship has challenged oppression wherever it is found. Her work describes and critiques the “triple marginalization” of francophone African migrant women in anglophone Canada, who face oppression because of racism, sexism and language. At the same time, Professor Mianda challenges African “traditionalisms” when these defend patriarchal values. She has championed the works of African women novelists, notably Awa Thiam’s writing and those of various novelists, highlighting contributions to contemporary literature and knowledge about the world, in its injustices and possibilities for right relationships.

This evening foregrounded the critical work of Dr. Mukwege, and his lifelong efforts to end sexual violence against women in war. At the same time, the evening celebrated all those in the DRC and diaspora who, as humanists and feminists, seek to support women’s right to live free from sexual violence. Their work is a reminder of the responsibilities that we all have in this struggle, in the DRC, here, and around the world.