En photo: Ingrid Veninger
Collaboration dans l’isolement : les femmes cinéastes du monde entier font équipe
Ces dernières années, nous avons assisté à une augmentation bienvenue du nombre de femmes à l’origine de projets cinématographiques, au Canada et dans le monde, et l’Université York a joué un rôle de premier plan. La collaboration exceptionnelle d’une professeure de York a été inspirée par l’isolement dans le contexte de la pandémie de COVID-19.
Ingrid Veninger est cinéaste, fondatrice de pUNK Films Inc. et professeure adjointe au Département du cinéma et des arts médiatiques à l’École des arts, des médias, de l’animation et du design.
Mme Veninger avait prévu de s’isoler pendant quelque temps durant la pandémie de COVID-19 pour travailler sur la deuxième version d’un long métrage. Cependant, quand elle s’est assise pour commencer à écrire, son corps s’est figé. « Cela semblait inutile, étant donné les circonstances, a-t-elle déclaré. Ça me semblait complètement futile et mon cœur n’y était pas. »
Elle raconte qu’en l’espace d’une heure, un interrupteur s’est allumé; elle a alors commencé à penser à la collaboration. « Mon travail a toujours été ancré dans des liens avec la communauté, avec la famille », a-t-elle expliqué.
Elle a contacté d’autres femmes cinéastes – elle ne connaissait certaines d’entre elles que de nom – et leur a proposé un projet virtuel. C’est ainsi que Mme Veninger et huit autres femmes vivant au Canada, en Espagne, en Australie, en Afrique du Sud, aux États-Unis et en Allemagne ont collaboré à distance pour réaliser un film cohérent, unique en son genre, qui raconte des histoires distinctes liées par le thème commun de l’isolement.
Le résultat est un long métrage de 83 minutes intitulé ONE (NINE). Selon Mme Veninger, le film n’est pas une anthologie de neuf films distincts, mais un tout composé de neuf parties individuelles. « L’objectif est de faire un film plus grand que la somme de ses parties », a-t-elle déclaré.
Sans séquence prédéterminée ni narration imposée, Mme Veninger affirme que la nature incertaine du projet de film était adaptée aux circonstances incertaines. Elle explique que le projet a été inspiré précisément par les manifestes des surréalistes, car ils décrivent notre époque. « Nous avons fait le vœu de nous faire confiance, de faire confiance aux autres et d’être courageuses. »
Mme Veninger a décrit comment, en utilisant des ressources limitées – téléphones en guise de caméras, membres de la famille comme acteurs, lumière naturelle – le groupe de réalisatrices a créé quelque chose de similaire au jeu de stylo et de papier « cadavre exquis », dans lequel les participants dessinent une image ensemble, mais sur des côtés séparés d’un papier plié, sans savoir à quoi ressemble l’autre côté. « On peut découvrir cette incroyable créature mystique, a-t-elle expliqué. Personne ne concevrait probablement ce type de forme, mais la combinaison des contributions produit quelque chose de surprenant. »
Durant son travail sur le projet, Mme Veninger a réfléchi à l’impact potentiellement durable de l’incertitude et de l’isolement sur son propre travail cinématographique et sur le cinéma en général. Elle espère que le projet sera une source d’inspiration pour d’autres types de collaboration et de cocréation et que l’envie de développer différents types de collaborations sera contagieuse. Elle précise d’ailleurs que l’une de ses étudiantes diplômées poursuit une idée similaire avec sa cohorte issue du monde entier.