Photo: Sapna Sharma
La base de données sur l’eau douce aide les chercheurs du monde entier
À l’heure où le monde est confronté aux conséquences mondiales du changement climatique, l’eau douce dans les lacs de la planète sera au centre des préoccupations.
L’eau des lacs représente moins d’un pour cent de l’approvisionnement mondial en eau douce de surface, mais elle fournit des services écosystémiques essentiels, notamment en matière de consommation, de transport, d’agriculture et de loisirs, en plus de constituer un habitat pour plus de 100 000 espèces d’invertébrés, d’insectes, d’animaux et de plantes. Cependant, les lacs d’eau douce sont vulnérables aux effets de l’encrassement de l’eau, de l’enrichissement en nutriments et des modifications du climat et de l’utilisation des terres, en raison de leur sensibilité aux changements environnementaux locaux et mondiaux.
Pour relever ce défi, des chercheurs de l’Université York travaillant dans le laboratoire de Sapna Sharma, professeure agrégée de biologie, ont créé une base de données publique sur la qualité de l’eau d’environ 12 000 lacs d’eau douce dans le monde entier, qui aidera les scientifiques à surveiller et à gérer la santé de ces lacs, entre autres. L’étude a permis de recueillir des données dans 72 pays, dont des centaines de lacs au Canada, et constitue un exemple de recherche innovante qui a déjà un effet positif et de grande envergure sur les communautés du monde entier.
« La création de cette base de données est un exploit qui n’est généralement accompli que par de très grandes équipes disposant de millions de dollars, et non par un seul laboratoire disposant de quelques petites subventions. C’est pourquoi je suis particulièrement fière de cette recherche », déclare Mme Sharma.
Les chercheurs ont passé en revue 3 322 études remontant jusqu’aux années 1950, ainsi que des référentiels de données en ligne afin de recueillir des informations sur les niveaux de chlorophylle, un marqueur couramment utilisé pour déterminer la santé des lacs et des écosystèmes. La chlorophylle est un indicateur de la quantité de végétation et d’algues dans les lacs, appelée production primaire. Selon Mme Sharma, le réchauffement des températures estivales et l’augmentation du rayonnement solaire due à la diminution de la couverture nuageuse contribuent à une augmentation de la chlorophylle, tandis que l’augmentation du nombre de tempêtes causée par le changement climatique contribue à la dégradation de la qualité de l’eau.
« L’activité humaine, le réchauffement climatique, le ruissellement agricole et urbain et le phosphore provenant de l’utilisation des terres peuvent tous augmenter le niveau de chlorophylle dans les lacs », explique Alessandro Filazzola, chercheur postdoctoral et l’un des responsables de l’étude. « La production primaire est surtout représentée par la quantité de chlorophylle dans le lac qui a un impact en cascade… Si la chlorophylle est trop faible, elle peut avoir des effets négatifs en cascade sur l’ensemble de l’écosystème, tandis que si elle est trop importante, elle peut provoquer une abondance de la croissance des algues, ce qui n’est pas toujours bon. » Selon Mme Sharma, la base de données peut être utilisée pour mieux comprendre comment les niveaux de chlorophylle réagissent aux changements environnementaux mondiaux. « Elle fournit des comparaisons de base aux gestionnaires de l’environnement chargés de maintenir la qualité de l’eau et la santé de nos lacs et des communautés qu’ils soutiennent. »