
Gertrude Mianda se souvient que c’est grâce à une contribution anonyme que le prix d’essai de l’Université York, qui porte son nom et vise à favoriser l’harmonie raciale, a vu le jour l’année même où George Floyd prononça ses derniers mots terrifiants : « Je ne peux pas respirer ».
« C’était l’été juste après la tragédie de George Floyd, et cette contribution provenait d’une personne qui suivait mes cours », dit Mme Mianda, spécialiste des études des femmes et de genre au collège Glendon et ancienne directrice de l’Institut Harriet Tubman de York. Mme Mianda est une sociologue, féministe et africaniste éminente dont les recherches se concentrent sur les questions de genre, de mondialisation, de postcolonialisme et de décolonialisme, avec un intérêt particulier pour l’Afrique.
« À l’époque, de nombreuses discussions portaient sur le racisme anti-Noirs. Ce prix reflétait notre engagement envers l’excellence pour créer un environnement accueillant pour tout le monde en vue d’une humanité commune. »
La professeure Gertrude Mianda entourée des anciennes lauréates Geneviève François-Kermode (à droite) et Vernetta Avril (à gauche).
Depuis son lancement en 2021, le Prix Gertrude Mianda d’excellence en rédaction d’essai encourage la communauté étudiante de Glendon à s’engager dans des travaux universitaires qui mettent en évidence les inégalités raciales et qui favorisent un point de vue anticolonial et antiraciste, comme Mme Mianda l’a fait dans ses travaux pendant plus de trois décennies.
Ce que nous voyons, c’est un aperçu de la multitude de formes que prend le racisme dans notre communauté. Cependant, on peut également trouver de l’inspiration chez les étudiantes et étudiants, qui cherchent à construire un monde équitable dans lequel tous les groupes raciaux seraient traités avec respect et égalité.
Pour la seconde édition de ce concours, Vernetta Avril, étudiante à Glendon, s’est intéressée à l’impact de la politique migratoire canadienne sur les individus qui émigrent dans notre pays pendant leur enfance ou leur adolescence, et qui vivent ensuite dans un contexte juridique précaire. Elle milite en faveur de « villes refuges », qui offrent des chemins vers la citoyenneté pour ces individus qualifiés de « rêveurs ».
Selon Geneviève François-Kermode — qui s’identifie comme étant une femme queer haïtienne métisse et en situation de handicap — le peuple haïtien a maintenu des attitudes anticolonialistes fondées sur la mémoire bien après la révolution haïtienne de 1804, déclenchée par des esclaves affranchis se révoltant contre la domination coloniale française. Elle soutient que la danse et l’art leur ont donné la possibilité d’explorer leur passé commun et de démystifier les récits dominants du colonialisme.
Dans l’essai qui lui a permis de remporter le prix, elle affirme qu’en tant que résidente de Toronto, elle a l’obligation morale de diffuser ces points de vue anticoloniaux.
« Étant née sur une terre autochtone colonisée, je dois veiller à ce que mes actions et mes approches anticolonialistes contribuent à la décolonisation de cette terre », a écrit Mme François-Kermode. « À la base de tout cela, il y a la pratique d’être humain, d’affirmer mon humanité et celle des personnes opprimées qui m’entourent. »
Selon Mme Mianda, les universités ont pour mission de favoriser ce genre de réflexion critique et de promouvoir un monde meilleur. York s’est particulièrement engagée à créer des changements positifs pour sa population étudiante, ses communautés et le monde qui l’entoure.
« C’est le rôle de l’université », affirme Mme Mianda. « Tout commence par une réflexion sur notre héritage colonial en matière de pensée et d’identité, dans le but de promouvoir une humanité enrichie par sa variété. »
Elle explique qu’en concertation avec le Caucus d’équité raciale de Glendon, qui décerne le prix Mianda, elle s’interroge sur la manière de promouvoir les idées générées par les soumissions.
« Nous cherchons à avoir une influence et à inciter les gens à réfléchir à des moyens d’améliorer notre monde », déclare-t-elle. « Comment créer un environnement plus favorable? »
Le prix d’essai est décerné à des étudiant·e·s du premier cycle et des étudiant·e·s diplômé·e·s du campus Glendon de l’Université York. Il est assorti d’une rétribution de 500 $.
La période de soumission au prix Gertrude Mianda 2025 est ouverte jusqu’au 30 avril. Les mises en nomination doivent être envoyées à cerrec.glendon@gmail.com en indiquant « Prix Gertrude Mianda 2025 » en objet. Il faut inclure une description d’un paragraphe expliquant pourquoi le travail mérite le prix, une copie électronique du projet ou un lien vers celui-ci, ainsi que les coordonnées de l’étudiant·e ou des étudiant·e·s.